La gazette du carbonePour un arsenal juridique décarbonant |
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Chaque semaine, nos propositions tirées de l’expertise du Shift Project pour intégrer les enjeux climatiques au débat parlementaire.
2023 | Semaine 20Cette semaine à la Gazette du carbone :
Bonne lecture ! |
Sommaire |
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Questions émissionsRéflexions décarbonées |
Questions émissions |
Faut-il un « plan Marshall » contre les pénuries d’eau ?Portée par M. Emmanuel Taché de la Pagerie - Bouches-du-Rhône (16ème circonscription) Le député Emmanuel Taché de la Pagerie a appelé le 28 mars 2023 l’attention du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire sur la nécessité d’un « plan Marshall » pour combattre les pénuries d’eau. Il souhaite interroger le Gouvernement sur les mesures financières et légales que celui-ci compte prendre pour enfin combattre sérieusement le problème des pénuries d’eau. Un peu de contexteLa France est actuellement confrontée à des pénuries d’eau aux conséquences néfastes sur l’environnement, l’agriculture et la vie quotidienne. Entre 2010 et 2020, la France a connu l’une des pires sécheresses de son histoire, affectant principalement le quart sud-est du pays. Selon le ministère de l’Agriculture et de l’alimentation, la production agricole a diminué de 21 % dans certaines régions1, tandis que les barrages et les réserves d’eau ont atteint des niveaux critiques. L’été dernier, plus de 1000 communes2 et un très grand nombre d’exploitations agricoles et d’industries ont cruellement manqué d’eau et ont dû être alimentées par des camions. Cet hiver, dès le 21 janvier 2023, la France a été déclarée en état de sécheresse, battant de 31 jours le record de précocité dans l’année, établi en 2020. La noria des camions alimentant certaines communes s’est poursuivie cet hiver. En mars 2023, l’ensemble des nappes phréatiques ont un niveau inférieur à la normale, 80 %3 affichant des niveaux bas voire très bas, rendant le prochain été particulièrement incertain et préoccupant. Des mesures ont été prises ou envisagées telles que la réutilisation des eaux usées, l’amélioration de l’état des réseaux afin de réduire les fuites ou encore les stockages, entre autres dans les très controversées méga-bassines. De nombreux acteurs sont impliqués dans la surveillance des ressources en eau tels que le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Météo-France, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et l’Office français de la biodiversité (OFB). Face aux risques de tension sur les ressources en eau à court et long terme, le Gouvernement a instauré une Stratégie nationale pour l’eau et l’assainissement4 sur la période 2020-2030 qui vise à améliorer la gouvernance de l’eau, renforcer la sécurité d’approvisionnement ainsi que le développement de solutions innovantes. Toutefois, compte-tenu du caractère impérieux de la situation actuelle, un plan d’action plus concret encore est désormais une nécessité. Un Plan Eau ambitieux…Le 30 mars 2023, dans le cadre de la planification écologique, le président de la République a présenté à Savines-le-Lac, un plan pour une gestion résiliente et concertée de l’eau5, ayant pour objectif de garantir pour tous de l’eau de qualité, des écosystèmes préservés et une baisse de 10 % des prélèvements d’eau d’ici 2030. Il comporte 53 mesures qui visent à répondre à trois enjeux majeurs : sobriété des usages, qualité et disponibilité de la ressource. Les principales actions concernent la lutte contre les fuites (180 M€/an), la réutilisation des eaux usées, l’amélioration du stockage dans les sols et les nappes, la prévention de la pollution ainsi qu’une gouvernance plus transparente et plus simple sur le plan administratif. Le budget des agences de l’eau sera augmenté de 475 M/€ par an. Ce plan parait donc ambitieux au regard des investissements importants dans la recherche et l’innovation, ainsi que dans les organismes publics de gestion de l’eau. …mais vague et peu contraignant…De nombreuses mesures restent cependant très générales et sans modus operandi concret. L’origine et la répartition des 180 M€ par an d’aides supplémentaires pour lutter contre les fuites demeurent encore bien floues. Un suivi précis de la mise en œuvre de ce plan sera nécessaire. …et qui ne témoigne pas d’une volonté de sobriété dans l’agricultureOn peut regretter que le plan manque de perspectives quant à une transition verte des modes d’agriculture. En effet, le jour même de l’annonce du plan par le président de la République, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, a déclaré devant la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles6 (FNSEA) que l’agriculture, pourtant première consommatrice d’eau en France, n’aura pas à baisser ses prélèvements pour irriguer ses cultures. Cette annonce peu cohérente s’accompagne d’un manque de moyens financiers accordés à l’agriculture dans ce plan, avec à peine 30 M€ pour encourager le secteur à la sobriété et soutenir le développement de filières peu consommatrices en eau. On peut donc regretter que la politique mise en oeuvre ne favorise pas l’émergence de nouveaux modes de culture plus responsables et moins consommateurs d’eau. 1 L’agriculture française en 5 chiffres fous, Les Echos, 10/12/2021 2 Rapport de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) – « Retour d’expérience sur la gestion de l’eau lors de la sécheresse 2022 », Mars 2023 3 Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) – « Bulletin de situation hydrogéologique au 1er mars 2023 » 4 www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/eau_fr_web_cle07e783.pdf 5 www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/MAR2023_DP-PLAN%20EAU__BAT%20%281%29.pdf 6 Natura Sciences – « L’agriculture épargnée par le Plan eau, un « risque » pour la Confédération paysanne », 05/04/2023 |
Réflexions décarbonées |
Streaming vs CD ou DVD, liseuse vs livre papier : quels sont les impacts environnementaux de la digitalisation des services culturels ?ADEME Magazine La digitalisation, des émissions qui montent qui montent…Selon les deux études du Lean ICT (Shift Project)1 et Green IT2 , le numérique représente aujourd’hui 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde et 2,5 % de l’empreinte carbone nationale selon le pré rapport du Sénat sur l’empreinte environnementale du numérique3 . Si cette part peut sembler modeste comparativement à d’autres secteurs, la forte croissance annuelle du numérique pourrait la porter à 6,7 % des émissions de GES nationales en 2040. A noter cependant que ce développement permet dans certains scénarios de mieux gérer les émissions dans d’autres secteurs4 . Selon l’ADEME5 et l’ARCEP6, en France, les terminaux (et en particulier les écrans et téléviseurs) sont à l’origine de l’essentiel des impacts environnementaux (de 65 % à 92%), suivis des centres de données (de 4 % à 20 %) puis des réseaux (de 4 % à 13 %). Ces estimations sont alignées sur celles du Shift Project, qui ont d’ailleurs alimenté cette étude. La dématérialisation, qui permet d’apporter en ligne un service autrefois attaché à un support papier, ne doit pas occulter le fait que ce service s’appuie sur des terminaux, des centres de données et sur des réseaux bien matériels. … y compris dans le secteur culturel.À l’occasion de la relance de la campagne de sensibilisation sur le numérique responsable, l’ADEME a présenté son « évaluation de l’impact environnemental de la digitalisation des services culturels », pour quatre activités culturelles classiques : lire un livre, écouter de la musique, regarder un film, et jouer à un jeu vidéo. Cette évaluation repose sur une analyse de cycle de vie multicritères. L’enjeu est plus particulièrement important s’agissant du streaming vidéo et des jeux en ligne, qui se substituent progressivement à la consommation télévisuelle et aux DVD. En termes d’usage, ils représentent la moitié du trafic total sur internet et sont en constante hausse. Par ailleurs ces activités représentent un facteur important d’augmentation de la consommation et de la sophistication de terminaux. L’ADEME a pris en compte dans son étude toutes les étapes du cycle de vie du service (fabrication, utilisation, fin de vie) et a évalué les impacts selon différents critères environnementaux : émission de GES, mobilisation de ressources, pollution de l’air… Ses nombreuses analyses de sensibilité ont montré qu’il est impossible de conclure d’une manière simple quant au choix à privilégier entre supports physiques ou digitaux pour un même type de service sans prendre en compte l’intensité d’usage. Prenons des exemples :
Promouvoir ces réflexes au quotidien en donnant à chacun des outils pour interroger ses pratiques et besoins, c’est l’objet de la campagne de communication de l’ADEME et du ministère de la Transition écologique qui repose notamment sur son simulateur « longue vie aux objets »7 ! Ce qu’en pensent les ShiftersThe Shift Project souligne, dans son Plan de transformation de l’économie française (PTEF) pour le secteur de la culture que l’essentiel des données consommées sur internet correspond à des contenus culturels : la campagne de l’ADEME et ses recommandations sont donc bienvenues. Mais il faut, selon The Shift Project, aller beaucoup loin car le secteur économique de la culture est, comme d’autres, très dépendant des ressources énergétiques carbonées et des matières premières rares. Or les enjeux énergie-climat n’apparaissent pas toujours comme prioritaires pour le ministère de la Culture alors que la mutation du secteur est indispensable à double titre :
The Shift Project souligne à cet égard la nécessité de former massivement et prioritairement le secteur culturel aux enjeux de la décarbonation. 1 theshiftproject.org/article/pour-une-sobriete-numerique-rapport-shift/ 2 www.greenit.fr/empreinte-environnementale-du-numerique-mondial/ 4 gazetteducarbone.org/2023/05/02/la-gazette-du-carbone-semaine-18-02-mai-2023 7 longuevieauxobjets.gouv.fr/impact-co2-du-numerique Liens utiles : |
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