La gazette du carbonePour un arsenal juridique décarbonant |
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Chaque semaine, nos propositions tirées de l’expertise du Shift Project pour intégrer les enjeux climatiques au débat parlementaire.
2021 | Semaine 27Des questions stratégiques sur l’approvisionnement en matières premières. |
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Questions émissions |
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Fortes tensions sur les approvisionnements de matières premières et importantes conséquences sur les prixQuestion posée par M. Ludovic Haye (RDPI) Le sénateur Haye alerte sur les tensions mondiales d’approvisionnement qui concernent aussi bien des denrées alimentaires de première nécessité que des minerais de base et métaux rares : le blé, le maïs, le soja, le riz, le marché de la viande, le cuivre, l’aluminium, le zinc, le nickel, l’étain, le fer, l’acier, le molybdène, le lithium, le cobalt, les platinoïdes, l’argent, le métal, le pétrole, le gaz naturel. Ces tensions entraînent une « envolée des prix » en partie liée à la spéculation (+30 % pour l’acier, +80 % pour le coke, +55 % pour le nickel) et désorganisent les chaînes de production de l’industrie française. Les risques de surcoûts, retards ou défauts menacent les entreprises, les particuliers et les donneurs d’ordres publiques. Cette crise multisectorielle a des origines variées. D’abord, le décalage entre une demande très forte, et une production tardant à redémarrer post-Covid. Ensuite, les tensions géopolitiques exacerbent ce déficit avec, par exemple, un embargo des États-Unis vers la Chine sur les semi-conducteurs ou des taxes Américaines sur les bois Canadiens. Mais, ne nous y trompons pas, le changement climatique joue également un rôle dans cette crise. En amont, des évènements extrêmes impactent la production : des épisodes de sécheresses1 accentuent la volatilité des prix du maïs au Brésil et menacent la production de TSMC2, plus grande fonderie de semi-conducteurs à Taiwan répondant à 60% de la demande mondiale. Aux Etats-Unis, des perturbations climatiques impactent les productions de béton, d’aciers, de bois et même de plastique. En aval, ces pénuries questionnent notre dépendance aux importations dans une société post-carbone. Et pour cause, la transition telle qu’envisagée actuellement est fondée sur un transfert des énergies fossiles vers une société électrique et numérique, également très consommatrice en matières premières, notamment minières. Dès aujourd’hui, nous percevons les vulnérabilités qu’elle pourrait engendrer. Une planification de long terme nécessaire au-delà de la gestion de la crise Des outils de souveraineté sont sollicités pour protéger entreprises et consommateurs : gel des pénalités et appel à l’indexation des marchés. Ces mesures, avant tout conjoncturelles, ne résoudront pas les problèmes sous-jacents. Surtout elles ne doivent pas retarder la mise en œuvre des mesures structurelles indispensables à la résilience de notre société. Rappelant l’impossible découplage entre PIB et énergie, cette crise nous confronte aux limites imposées par notre environnement. Pour éviter un choc brutal dans le futur, qu’il soit lié au changement climatique ou à la contraction des ressources pétrolières, les contraintes physiques doivent être au centre des politiques économiques. 1 La production de maïs révisée en nette baisse, 2 La sécheresse à Taïwan, une nouvelle menace sur la production des puces électroniques (abonnés) Liens utiles : |
Baisse de l'offre de transport ferroviaire à destination du Sud-OuestQuestion posée par Nathalie Delattre (RDSE) Mme Delattre s’étonne de la baisse des offres de trains dans le Sud-Ouest alors que le trajet Paris-Bordeaux en avion vient d’être supprimé par l’État et qu’il n’y a pas d’augmentation de dessertes prévue suite à cette suppression. Quelques chiffres et enjeux sur la mobilité longue Rappelons que les distances moyennes de voyage sont de 710km pour la voiture, 930km pour le train et 975km pour l’autocar. Ainsi, la mobilité longue distance compte pour 20% de la part des émissions de CO2 issues des transports, pour une consommation énergétique équivalente à 110L de Diesel ou 40L d’essence par habitant et par an. Dominé par la voiture thermique et l’avion, il s’agit donc d’un secteur majeur à décarboner, le train représentant une alternative déjà disponible. À ce sujet, 74% des Français interrogés1 plébiscitent l’usage du train à défaut de la voiture sur la mobilité longue distance. Pour cette majorité, les efforts à réaliser pour améliorer l’offre consistent à augmenter :
Ainsi, la réduction de la fréquence et de la finesse de la desserte, telle que dans le cas Paris-Bordeaux, va provoquer des pertes de parts de marché au profit d’autres modes de transport. Finalement, dans un scénario de baisse subie et subite de l’approvisionnement pétrolier en France, seuls les territoires correctement maillés par le train offriront une alternative viable de déplacement aux habitants. Trois leviers à activer :Dans ce contexte, trois mesures paraissent indispensables pour mettre le secteur de la mobilité longue en bonne voie : (1) limiter le transport aérien, (2) créer immédiatement de nouvelles dessertes en train et (3) investir dans le réseau ferroviaire. En termes économiques, le PTEF recommande une dépense de 100€ pendant 15 ans par Français (hors investissement sur le réseau Île-de-France) contre 58€ aujourd’hui. Ce sujet de mobilité appartient à l’Etat et également aux conseils régionaux qui portent un rôle important. Par exemple, le TER longue distance offre une alternative au TGV : plus lente mais moins chère car subventionnée (ex : Paris – Strasbourg / Paris – Lille) 1 Enquête Ipsos pour Régions de France et Transdev: « Le déploiement de solutions de mobilité, enjeu prioritaire des collectivités », 1er octobre 2019 Liens utiles : |
Rénovation énergétique : Dispositif MaPrimeRenov'Question posée par Laurence Gayte (LREM) En France, le secteur du bâtiment est à l’origine d’un quart des émissions de gaz à effet de serre, de près de la moitié de la consommation d’énergie, et de 15 milliards d’euros d’importations annuelles de pétrole et de gaz. Le dispositif MaPrimRénov’ lancé en janvier 2020 pour aider les ménages à financer des travaux de rénovation énergétique a donc un impact positif sur le changement climatique et notre dépendance aux énergies fossiles. Cependant, ce dispositif ayant permis la rénovation de 190 000 logements l’an passé, est largement insuffisant pour atteindre l’objectif fixé par la SNBC d’un parc immobilier au niveau « bâtiment basse consommation » (BBC) en moyenne en 2050. En 2021, bien que la quantité de logements bénéficiant de cette aide semble être multipliée selon les estimations par 3 ou 4, une autre lacune de ce dispositif persiste : la très grande majorité des travaux financés portent sur des rénovations geste par geste (par exemple le changement d’une chaudière). Ils permettent peu d’économies d’énergie et risquent de mener dans des impasses économiques ou techniques rendant l’atteinte du niveau BBC impossible à terme. A l’opposé, the Shift Project milite en faveur d’aides à la rénovation globale. Soit en une seule étape via des travaux réalisés sur une grande partie du logement, soit planifiée en quelques étapes mais permettant à terme une économie d’énergie conséquente. Liens utiles : |
La gazette du carbone résulte du travail des bénévoles de l'association The Shifters, essentiellement réalisé sur la base de l’expertise du Shift Project.
Son objectif est d'informer sur les opportunités que présente l'arsenal juridique français pour décarboner notre société. Pour réagir au contenu, demander des précisions, proposer des évolutions, contribuer à notre action vers les décideurs, une seule adresse : gazette@theshifters.org !
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