La gazette du carbonePour un arsenal juridique décarbonant |
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Chaque semaine, nos propositions tirées de l’expertise du Shift Project pour intégrer les enjeux climatiques au débat parlementaire.
2021 | Semaine 40Ce n’est pas qu’on en veut toujours plus, mais les « véhicules propres » et le « numérique efficace » ne sont qu’une partie de la solution. Quelques idées pour aller plus loin! |
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Notre sélection de la semaine |
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Repenser le numérique : sobriété et/ou efficacité ?Proposition portée par M. Patrick Chaize et 128 Sénateurs Les émissions de GES du numérique augmentent de 6% par an, et pourraient doubler d’ici 2025. Une telle croissance est incompatible avec les objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050 et exerce de surcroit une pression insoutenable sur les matières premières. Faisant partie intégrante des services essentiels de notre société, le numérique est désormais à la fois un outil et un défi de la transition. Quelle trajectoire lui donnerons-nous ? The Shift Projet estime que la progression des émissions du secteur numérique pourrait être ramenée à 1,5% en adoptant la sobriété numérique comme principe d’action. De plus en plus présente dans les scénarios de transition, la sobriété est citée dans 4 articles de la proposition de loi visant à Réduire l’impact environnemental du numérique, faisant référence à la sensibilisation des élèves et étudiants. Cependant, comme le note l’ADEME1, il n’y a pas de consensus sur la notion de sobriété. Maîtriser les “effets rebonds”La sobriété complète l’efficacité, qui porte sur l’amélioration technique des processus de production et des infrastructures sans questionner le besoin initial. Elle invite à interroger nos consommations pour distinguer le nécessaire du superflu et hiérarchiser nos besoins. Parfois associée à des formes de privation individuelle ou d’entrave économique, ses bénéfices sont peu mis en avant. La démarche de sobriété peut sembler contre-intuitive, à l’heure des Smart City et des rêves d’exploitation des ressources spatiales, qui imaginent transcender les contraintes planétaires. Mais dans un monde aux ressources finies, le “progrès” technique ne suffira pas car les gains d’efficacité énergétique sont systématiquement compensés par le développement de nouveaux usages. Le déploiement de la 5G pourrait ainsi accroitre l’empreinte carbone du numérique de +18% à +44%. Consommer moins et mieux est incontournable pour préserver la pérennité de nos systèmes numériques. Alors, comment faire en sorte que la sobriété ne soit pas seulement l’aspiration de quelques-uns, mais un projet de société ?La sobriété implique non seulement une évolution des comportements individuels mais aussi des changements d’organisation collective. Conception, fabrication, utilisation et fin de vie, l’ensemble de la chaine de valeur des biens et services numériques est concernée. A cet égard, la sobriété a un caractère éminemment politique, parfois occulté par une communication focalisée sur les gestes du quotidien. Rendre le numérique soutenable nécessite de construire une gouvernance concertée en capacité de piloter nos choix technologiques et d’inventer des modèles économiques dont la rentabilité n’est pas fondée sur la massification des volumes, mais sur une réponse au juste besoin. Pour une définition inscrite dans la loiEn lien avec le collectif Green IT, The Shift Project a proposé une définition de la sobriété numérique lors de la discussion de la loi REEN à l’Assemblée nationale. Une définition légale, assise sur des enjeux clairement identifiés, serait un atout pour fédérer une plus large communauté d’acteurs et définir un champ d’actions commun. Elle constitue également une opportunité pour dépasser un débat polarisé sur le concept de sobriété et rappeler qu’elle est une condition nécessaire de la transition climatique du fait de la matérialité des systèmes numériques. Il ne reste plus qu’à l’adopter. 1 ADEME, La sobriété, dossier de presse, juin 2021 (PDF 977Ko) Liens utiles : |
Le renouvellement "propre" des véhicules ne suffira pas
Un Décret du 2 août 2021 annoncé par la Ministre de la Transition écologique et le Ministre des transports prévoit la mise en place immédiate et obligatoire de 11 zones à faibles émissions mobilités (ZFE-m), visant à lutter, dans les territoires les plus touchés, contre les émissions de particules fines et d’oxydes d’azote issus du trafic routier. Ces pollutions sont responsables de 40000 décès prématurés par an et participent indirectement à l’effet de serre. Les nouvelles zones visent à limiter voire interdire la circulation des véhicules les plus polluants dans leur périmètre. Elles sont notamment identifiables via la catégorie de leur Vignettes Crit’Air, évaluant leur (contre)-performance environnementale (plus la catégorie est élevée, plus le véhicule est polluant). En réalité, 4 des 11 zones identifiées existent déjà, le décret vise essentiellement à mettre rapidement en conformité ces territoires ne respectant pas les objectifs et seuils réglementaires européens. Il s’inscrit également dans le cadre de la loi Climat & Résilience prévoyant que toutes les agglomérations de plus de 150 000 créent des zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m) d’ici le 31 décembre 2024. Ces mesures, limitant la circulation de certains véhicules et pouvant être impopulaires, l’État a choisi d’accompagner leurs déploiements autour de deux axes principaux :
Bien que relativement généreux (l’aide pouvant atteindre plus de 6000 euros pour les ménages les plus modestes), le mécanisme de subvention et ses différentes couches semblent relativement complexes et n’éludent pas totalement les problématiques d’équité d’accès à ces zones par les tranches les plus modestes de la population. L’approche par le « renouvellement propre » du véhicule semble ainsi largement privilégiée tant pour les particuliers que les collectivités. D’autre part, le seul renouvellement du véhicule individuel « propre » ne résoudra pas non plus les problèmes de congestion (estimé à 100 milliards d’euros annuels, soit 1% du PIB de l’Union européenne). Le Shift Project fixe comme objectif de diviser par deux l’usage des véhicules particuliers en ville et autour des villes, et recommande plutôt une approche holistique, entre autres :
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