La gazette du carbone

Pour un arsenal juridique décarbonant

The Shifters - Les bénévoles du Shift Project

Chaque semaine, nos propositions tirées de l’expertise du Shift Project pour intégrer les enjeux climatiques au débat parlementaire.

2021 | Semaine 37

« Rétrofit électrique » des voitures thermiques, industrie, chaîne logistique… Cette semaine, le transport – de particuliers et de marchandises – est en ligne de mire ! Comment pouvons-nous décarboner ce secteur tellement dépendant du pétrole ?

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Questions émissions

Questions émissions

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Mesures de soutien au secteur du rétrofit électrique des voitures thermiques

Question posée par André Villiers (UDI et Indépendants)

M. André Villiers interroge M. le ministre de l’économie, des finances et de la relance sur le soutien du Gouvernement au secteur d’avenir du rétrofit électrique des voitures thermiques. Le rétrofit est la remise en état, mise aux normes ou adaptation d’un équipement ou d’une installation à un besoin nouveau. Il contribue donc vertueusement au recyclage et à l’amélioration de l’existant. (…) Plus d’un an après la parution du décret autorisant la conversion de voitures thermiques en voitures électriques, le marché du rétrofit électrique démarre doucement. Le développement des kits de conversion, puis leur homologation nécessitent des investissements lourds. Or la crise sanitaire a gelé les levées de fonds des entreprises. (…) Il lui demande si le Gouvernement compte prendre des mesures de soutien au secteur d’avenir du rétrofit électrique des voitures thermiques et, le cas échéant, suivant quelles modalités et quel calendrier.

Dominée par la voiture thermique (82%), la mobilité quotidienne représente environ 11% des émissions territoriales tandis que le transport de marchandises est quant à lui responsable de 10% des émissions. C’est un secteur majeur à décarboner puisqu’il dépend à 95% du pétrole.

Le Plan de Transformation de l’Économie Française du Shift Project préconise ainsi de diminuer le nombre de km parcourus, le report vers des modes plus sobres en carbone et mieux remplis (transport en commun, vélo, deux-roues électriques légers, marche…). Ce rapport prévoit de passer la part de l’électricité de 3% à 54% dans l’énergie consommée par le transport, avec notamment une électrification de 70% du parc automobile.

Le rétrofit permettant la conversion d’une voiture thermique en voiture électrique est encadré depuis mars 2020 par un arrêté et semble être une solution intéressante à étudier.

Ce qu’en dit l’ADEME [1] :

Des avantages en termes de réduction des émissions de GES

Pour une voiture citadine diesel, sur une période de 10 ans, le rétrofit électrique représente une réduction de 66% des émissions de GES par rapport à un scénario de conservation du véhicule et de 47% par rapport au scénario de l’achat d’un véhicule électrique neuf.

Pour un bus, sur une période de 10 ans, on prévoit une baisse de 87% des émissions de GES par rapport à un véhicule diesel conservé et 37% par rapport à l’achat d’un bus électrique neuf.

Et surtout, on conserve la carrosserie ce qui permet une réduction de l’usage des matières premières. C’est donc une opération plus vertueuse que l’achat d’un véhicule électrique neuf.

Des inconvénients liés au modèle économique et aux coûts

Le modèle économique reste encore incertain car le secteur du véhicule électrique est bien structuré et la Stratégie Nationale Bas Carbone interdira la vente de véhicule à énergie fossile à partir de 2040. On constate toutefois que le rétrofit électrique pour les véhicules lourds est plus pertinent que pour les véhicules de particuliers. En effet si le rétrofit d’un bus revient à 2x moins cher que l’achat d’un véhicule neuf, ce n’est pas le cas pour une citadine dont l’électrification sera quasiment aussi cher que l’achat d’un véhicule électrique neuf.

Une chose est sûre : si le rétrofit devient une pratique courante, cela aura un impact positif sur l’emploi dans les garages.

Les recommandations pour développer cette filière

  • Cibler les catégories de véhicules à développer. Par exemple prioriser les poids lourds et bus par rapport aux citadines dont le coût de l’opération devra être maîtrisé.
  • Les coûts d’homologation devraient être revus à la baisse par la révision de l’arrêté du 13 mars 2020.
  • Modifier certains textes réglementaires pour permettre l’accès au marché des acteurs du rétrofit.
  • Encadrer les « rétrofiteurs » sur la maintenance et l’entretien des véhicules rétrofités.
  • Sensibiliser les automobilistes à cette technologie et aux bienfaits pour l’environnement.

Enfin, il restera à traiter le problème du recyclage des moteurs thermiques retirés des voitures.

1 Transformer les véhicules thermiques en véhicules électriques : quelles conditions nécessaires à un rétrofit économe, sûr et bénéfique pour l’environnement ?

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Chaînes logistiques et émission carbone : des engagements à revoir à la hausse

Question posée par Ministère de la Transition écologique, ministère du Logement, ministère de l’Industrie

Après plusieurs mois de concertation, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, Emmanuelle Wargon, ministre déléguée chargée du Logement, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, ont signé avec une trentaine d’acteurs de l’immobilier logistique une charte d’engagement sur 6 ans. L’objectif est de construire des entrepôts à la fois plus performants sur le plan environnemental, pertinents sur le plan économique et mieux à même de répondre aux besoins des territoires.

Cette charte prévoit notamment que les acteurs de l’immobilier logistique :

  • Couvrent 50 % de leur surface de toiture avec des panneaux photovoltaïques
  • Privilégient l’installation d’entrepôts sur les friches existantes plutôt que sur des terres non artificialisées
  • Infiltrent les eaux pluviales au plus près de leur lieu de chute
  • Plantent des haies champêtres sur un linéaire au moins équivalent à 50% de la limite de propriété
  • Pour les entrepôts de plus grande taille : réalisent une étude écologique du site

L’avis des Shifters :

Les engagements des acteurs sont à saluer. Les mesures, favorables à la réduction de l’empreinte écologique des bâtiments logistiques, vont globalement dans le sens des préconisations du Shift Project. Néanmoins, les bâtiments en eux-mêmes sont loin de représenter le seul enjeu pour la logistique industrielle, le fret étant responsable de 10% des émissions carbone en France. En effet, l’impact carbone du transport commercial de marchandises est principalement lié à sa dépendance au pétrole, 95% de la mobilité totale s’effectuant grâce à ce combustible.

Le Shift Project, préconise ainsi (entre autres) de réduire le flux de marchandises transportées (-20% d’ici à 2050), de procéder à un report modal vers des modes de transport moins carbonés que les poids lourds thermiques (train, fluvial, transports actifs…), et d’électrifier le parc de véhicules de transport.

Le PTEF propose notamment que les nouveaux sites logistiques soient implantés dans des endroits où le transport multimodal est possible (fluvial ou ferroviaire en plus de la route). Par ailleurs, il semblerait pertinent d’orienter le secteur vers une électrification des véhicules, en prévoyant systématiquement l’infrastructure nécessaire dans tout nouveau bâtiment logistique.

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